Chère Charge Mentale

 

Chère charge mentale,


Merci de bien vouloir quitter mon corps immédiatement et de me laisser le temps de souffler un peu. Tu m’épuises à petits feux. Je ne veux plus de toi. Je n’ai pas besoin de toi. Bien au contraire.


J’étais déjà adepte des « to do list » avant que je réalise que c’était un peu toi qui les créais ces dites listes. 


Elles me permettent de ne rien oublier, mais en même temps, j’ai l’impression qu’elles ne finissent jamais. Le petit hamster dans mon cerveau doit être en forme, car il ne cesse jamais de tourner !


Je trouve épuisant et demandant que tu sois aussi présente et je réalise qu’avec mon rôle de maman (rôle que j’affectionne particulièrement, mais qui est ô combien demandant à la fois), tu y es encore plus. 


On se fie à moi et à mon organisation (une chance que j’en ai !) pour beaucoup de choses. 


Trop parfois. 


Tu es un fardeau. J’essaie de me trouver des trucs pour t’alléger. Pour que tu sois moins présente au quotidien. 


Mon cerveau fait un demi-marathon. Il roule à cent kilomètres à l’heure, et ce, même lorsque vient le temps de fermer les yeux pour m’endormir. Je crois que c’est là que tu es la plus présente en fait. Je te sens.


Tu sais, tu peux aller dormir toi aussi chère charge mentale. 

Prends une pause de moi.


Parfois, tu es comme une liste en boucle dans ma tête. Je pense au fait que nous manquerons bientôt de lait, mais en même temps, j’essaie de me rappeler à quelle heure est le cours de karaté du plus vieux samedi matin et qui ira le conduire, que pendant ce temps, on ira faire les commissions à la pharmacie (avec la liste que j’aurais évidemment rédigée pour ne rien oublier). 

J’essaie à la fois de me rappeler le prénom de la nouvelle amie de ma fille afin qu’elle puisse me raconter sa journée, sans qu’elle croit que je ne sais pas de qui elle me parle quand elle me dira qu’elle a diné à côté de celle-ci.


Semblerait-il que mon cerveau a franchi le 21e kilomètre et poursuit sa route. Il se qualifie pour un marathon finalement ! Je regarde s’il y a des courriels importants qui demandent une réponse immédiate et je me questionne en même temps à savoir si j’ai dégelé le poulet pour le souper de ce soir. Je me brosse les dents et je pense aussi qu’on doit acheter du shampoing et de la crème pour les enfants mais surtout, de ne pas oublier que le plus jeune doit en prendre une autre, car sa peau est plus fragile. 


Tu sais quoi? Tu es épuisante. Lourde.


Donne-moi une pause.


Je suis en train d’appeler pour prendre le rendez-vous annuel chez le médecin pour les enfants et je me rappelle que c’était l’examen de mathématiques du plus vieux en espérant qu’il se sente prêt, et en même temps, que le bébé va bientôt avoir besoin de couches et le plus vieux de nouveaux souliers, car il a grandi trop vite, que je devrai laisser par écrit la routine du dodo des enfants quand nous irons enfin souper en amoureux vendredi soir, que je dois d’ailleurs confirmer la réservation, mais aussi mentionner aux grands-parents qui viendront garder que le plus jeune aime se faire caresser la joue avec le coin de sa doudou où il y a l’étiquette pour s’apaiser. 


Ah, j’ai aussi une « bulle de maman » que demain, on doit faire le paiement de taxes. Je vais l’ajouter à la fin de ma « to do list » collée sur le frigo et qui est déjà beaucoup trop longue.


Ça n’arrête jamais. Tu n’arrêtes jamais.


Tu devrais t’excuser et me rendre hommage plutôt. Je suis une championne de gérer tout cela sans que personne ne prenne le relais. Je pense même à me donner ma propre tape dans le dos. Beau travail chère « super mom » !


Est-ce que je m’en mets trop sur les épaules? Devrais-je vraiment avoir à demander de l’aide pour tout cela? Cela devrait être naturel d’en recevoir, non? Que cette charge mentale soit moins présente, car elle serait partagée.


J’aimerais déléguer, t’apaiser un peu de cette façon chère charge mentale, mais je me demande parfois comment faire.


Je sais que tu es présente. J’en suis plus que consciente.


Tout le monde te sent malheureusement. À des niveaux différents, mais tu es sournoise et tu viens t’ancrer en nous comme si rien n’était.


En devenant parents, nous avons dû apprendre à communiquer un peu différemment, car notre réalité est tout autre; on doit penser pour plusieurs petits êtres maintenant. 


On a aussi appris à lâcher prise. À choisir nos batailles en fait. À tout organiser notre vie de famille. Mais parfois, à cause de toi, j’ai l’impression que « maman doit penser à tout » sinon, plusieurs petits détails seront oubliés. 

 

Maman ne devrait pas être la seule considérée pour faire les repas, l’hygiène nasale, prendre les rendez-vous ou quitter le travail pour aller chercher le petit à la garderie s’il se met à tousser. Maman n’a pas le dos si large. 


Chère charge mentale, je suis tannée de toi.

Chère charge mentale, je ne te laisserai surtout pas te transformer en anxiété. 

Chère charge mentale, aujourd’hui, je ne te choisis pas. Je me choisis MOI.


Mon cerveau a franchi la ligne d’arrivée. 

Mais semblerait-il que monsieur veut faire un Ironman finalement… Eh Merde!


La douce maman lionne

Maman de S. et J.

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