Le Choc de l'accouchement

Depuis que j'ai accouché, je vis comme un choc. Je ne comprends pas à quel point l'accouchement est banalisé. Oui on parle de douleur, de rencontre, d'évènement marquant... mais ça semble vue comme ''normal'' de vivre ça. 

Personnellement, j'ai vécu mon accouchement comme la plus grosse épreuve de ma vie. Oui, je sais... ça aussi on l'entend, mais ça s'arrête là et c'est dit avec le sourire. Moi je te l'écris sans sourire et un peu en état de choc, même 2 ans plus tard quasiment jour pour jour. 

Oui j'ai fait les cours prénataux.

Oui je désirais avoir un enfant depuis des années.

Oui j'avais hâte de le rencontrer.

Oui j'ai essayé de profiter et de me reposer avant son arrivée. 

Mais non. Personne ne m'avait dit que je pouvais vivre un choc aussi violent (physiquement, hormonalement et émotionnellement). 

Avoir l'impression que tu vas mourir de douleur. Avoir l'impression que personne ne peut aider. Perdre le contrôle complètement. Être dans une espèce de transe pendant 15h. Me demander quels choix de vie j'avais bin pu faire pour me rendre à ce moment là... 

Et bébé arrive. En santé. Maman aussi va bien. Alors c'est fini. On n'en parle plus. Bien sûr tu peux le raconter autour de toi. Mais c'est dur de faire comprendre aux autres quelque chose que tu ne comprends même pas toi-même. Qu'est-ce qui vient de se passer......? 

Comprends-moi bien, je considère quand même que l'équipe qui a été présente avec moi a été exemplaire. Mon chum n'aurait pas pu faire plus; il tenait ma jambe sous-épidurale et le bol à vomi pendant que je poussais, tout en essayant de voir la p'tite (grosse) tête de notre loup se pointer. Il était là ET impliqué! 

C'était quand même un événement d'une intensité sans nom. 

Quand mon loup est sorti, non je n'ai pas pleuré en le voyant. Je n'ai même pas mis mes mains sur son petit corps visqueux qui était sur mon ventre. J'avais la tête dans un bol et je voulais juste être ailleurs. La médecin a dû me répéter plusieurs fois de mettre mes mains sur mon ventre pour le tenir... Je n'étais plus là. Je me sentais dans le vide. Dans les vaps. Dans un nuage de what the f***. 

Et bien que j'aurais commis un crime pour lui dès le moment où je l'ai vu, je n'ai vraiment pas eu le coup de foudre dont on entend parler. Mon instinct maternel était en fonction. Mon amour infini... pas encore. C'est arrivé quelques semaines (mois) plus tard... une fois le choc un peu estompé. 

Mais on ne t'en parle pas de ça. On te demande ''as-tu eu un bel accouchement?''

Quelle question absurde! Ahah! La seule réponse que j'avais trouvé était ''aussi beau qu'un accouchement peut l'être quand c'est toi qui pousse...''

D'un point de vue médical: bel accouchement

De mon point de vue: 6h de souffrance jusqu'à l'épidurale, semi-calme pendant 8h grâce à la dite épidurale, 1h30 de calvaire à pousser sans résultat et finir par le sortir parce que je vomis et non parce que je pousse. Faque BOF!

Et je le sais que c'est un accouchement relativement bien. Il y a vraiment pire! Je me considère chanceuse (pas de complication ou rien). Ça ne veut quand même pas dire que j'ai ri de bonheur tout au long de mon accouchement! 

Bref, maman, peu importe ton expérience, peu importe si tu as aimé accouché ou si tu es un peu (ou beaucoup) en choc, ce que je veux te dire aujourd'hui c'est : 

Réalises-tu que tu as créé un humain de toute pièce et que tu l'as fait sortir de ton corps. Pis t'es là.

Moi en tout cas, j'en reviens juste pas de comment on est forte et la femme ne cessera jamais de m'impressionner. Je ne comprends pas que la grossesse et l'accouchement ne soit pas plus glorifiés!

#BADASS